Quand on est tous ensemble à se parler, on est en vie éternelle.

Daniel — Parole des pauvres

Le sappel

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No 70
journal du sappel / Juin 2007 Journées familiales

Ca sent la vie !

Ça sent la vie !

Lorsque l’on vient au Sappel, il ne faut pas avoir peur de mouiller sa chemise (dans tous les sens du terme). Lors des Journées Familiales, on perçoit un trop plein de vie qui ne demande qu’à jaillir. Ça bouge de tous les côtés. Les enfants courent, sautent, grimpent... « ça sent la vie ! » à tel point que dès le lendemain, nous sommes courbaturés d’avoir trop couru après certains « garnements ». A peine a-t-on proposé aux enfants une activité sportive (vélo, foot, patins à roulettes...) qu’ils sont déjà dehors. C’est super de les voir débordants de vie. Quand moi j’ai fait deux tours de terrain de foot pour l’échauffement, eux entament leur dixième. Alors je cours, je cours et je recours... Et puis il y a des moments qui sont comme hors du temps. Des moments apparemment anodins mais qui sont beaux, simples et gratuits. Habituellement, les enfants ne sont pas très enthousiastes à l’idée de faire une balade parce qu’il faut marcher. Mais la fois dernière, nous sommes tous partis avec Cannelle et Salsa (le poney et l’âne du Sappel) pour une bonne promenade, tous ont superbement bien marché. Chacun a pu monter sur ce qu’ils appellent « leur » âne, et « leur » poney. Toute l’énergie qu’ils mettent à se dépenser s’est transformée en tendresse, en douceur auprès des bêtes. Les plus violents se sont calmés au contact de l’animal. Mais cette violence ne peut être en permanence canalisée. Elle a besoin de sortir. Et nous sommes témoins de moments plus difficiles. Il y a des mots durs à entendre, des gestes brutaux à voir, qui nous interpellent et qui nous posent question. Ces phrases, ces actes nous renvoient à nos colères intérieures qui nous habitent, mais que l’on a tendance à enfouir au plus profond de nous mêmes . Cette violence est le reflet de nos propres peurs : celle d’être aimé, celle d’aimer, celle d’être abandonné, celle d’avoir mal... C’est dans ce contexte que je me retrouve avec les personnes du Quart Monde. Ils m’ont permis de réaliser combien il était dur de dire : « JE T’AIME ».

Le monde est trop « pauvre d’amour ». A l’heure actuelle on aime avec retenue, en mettant une certaine distance. On se refuse à se donner parce que nous avons peur de souffrir, parce qu’on ne sait pas comment faire. J’ai l’impression que l’on aime au « goutte à goutte ». Il ne faut pas trop en donner parce qu’on risque de tout nous prendre. Pour les personnes en difficulté, cette peur est concrète : le contexte de rupture, d’abandon fait partie de leur quotidien. Très souvent, les enfants sont placés dans des institutions ou des familles d’accueil. Les familles sont éclatées. Il est très difficile, dans ces conditions, d’exprimer son amour, que l’on soit parent ou enfant. Je constate, lors des Journées Familiales, que la joie, la colère, la peine, la peur et l’amour se mélangent très étroitement sans jamais connaître de réelles frontières. Les moments partagés au Sappel sont de véritables leçons de vie.

Elise, 20 ans. En première année de médecine

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