Ici-bas, je n’ai peur de rien ni de personne, en vérité. pas même d’un ange. Mais le gémissement du mendiant me donne le frisson. +

Houne de Kolechitz. — Parole de sages

Le sappel

Qui sommes nous ?

A partir d'eux, par eux et avec eux

Lors de notre pèlerinage à Rome (juillet 2016), notre frère le Pape François a clairement énoncé, dans son message aux pèlerins, le trésor que portent les plus pauvres : « Vous êtes venus en nous donnant, en me donnant Jésus lui-même ». Si nous voulons être fidèles à notre Seigneur, nous nous devons donc de discerner chez les plus pauvres « la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer » EG 198. Cela requiert un long travail de recueil de leur vie et de leurs paroles puis de relecture et de décryptage de leur pensée.

Ce travail sans cesse renouvelé de connaissance et de compréhension auquel la Communauté s'attelle et ce compagnonnage avec les très pauvres façonnent ses membres. Cette transformation intérieure et des rencontres régulières - individuelles ou en groupes - de personnes en situation d'exclusion sociale aident à penser et à mener la mission du Sappel « à partir » des plus pauvres.

Cependant, c'est toujours « par eux » que l'annonce de la Bonne Nouvelle se fait. En effet, seule la rencontre avec les très pauvres retourne les cœurs, rien ne peut la remplacer. « Jésus veut que nous touchions la misère humaine, la chair souffrante des autres. Il attend que nous renoncions à chercher ces abris personnels ou communautaires qui nous permettent de nous garder distants du cœur des drames humains, afin d'accepter vraiment d'entrer en contact avec l'existence concrète des autres et de connaître la force de la tendresse. » Pape François, homélie Ste Marthe, 9/01/2014.

Enfin, nous cherchons la juste place de chacun, communautaires, compagnons, amis et plus pauvres. Si nous sommes tous égaux sous le regard de Dieu, il n'en va pas de même dans notre monde créé. Un fossé nous sépare des personnes en grande exclusion sociale, des blessures très profondes les habitent. Nous ne pouvons pas avoir la même place dans la mission du Sappel, même si c'est une injustice déchirante.

Nous vivons donc la mission « avec eux », mais chacun à notre place. Ils ont une très grande force de louange et d'intercession, beaucoup sont des monastères invisibles, tous ou presque sont des martyrs blancs 1 et tous ensemble, ils sont icône du Christ.

Nous expérimentons qu'en les mettant au « centre du cheminement » (EG 198) du Sappel, ils sont réellement ferments d'unité et de réconciliation de tout le genre humain. Ils nous obligent à toujours nous adapter à celui qui est le plus en difficulté. Ils nous rappellent sans cesse que beaucoup manquent encore à l'appel et que notre fraternité est incomplète, n'étant qu'un signe du Royaume qui vient.

C'est cette Bonne Nouvelle en Jésus-Christ que nous voulons annoncer ensemble. Quand les plus pauvres contemplent Jésus sur son chemin de Croix, ils réagissent en disant : « lui au moins il peut nous comprendre. Nous aussi c'est tous les jours qu'on vit le chemin de Croix ». Ils affirment ainsi qu'un Messie crucifié, c'est une vraie Bonne Nouvelle pour les pauvres et donc pour toute l'humanité. Ils nous permettent alors de comprendre et d'annoncer ensemble ce que dit Jésus de lui-même à la synagogue de Nazareth : « Le Souffle du Seigneur est sur moi. Il a fait de moi un Messie pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé proclamer aux captifs la liberté et aux aveugles de nouveau la vue, pour envoyer les opprimés en liberté, pour proclamer une année d'accueil du Seigneur. (...) Aujourd'hui, cette Écriture est accomplie à vos oreilles ». Luc 14,18-19.21.

 

 

Note 1 : martyre blanc : Pour Pierre Claverie, se tenir aux pieds de la croix du Christ, unique attitude, témoin du temps bouleversé par Jésus de Nazareth, tel est ce qui donne force à ce que nous appelons le martyre blanc. « Où serait l'Église de Jésus-Christ si elle n'était pas d'abord là au pied de la Croix ? » s'exclame-t-il.
Quiconque veut être disciple de Jésus est donc amené, à son tour, à se situer sur des « lignes de fracture ». Car la croix, c'est l'écartèlement de celui qui ne choisit pas un côté ou un autre parce que, s'il est entré en humanité, ce n'est pas pour rejeter une partie de l'humanité. Alors, il est là et il va vers tout le monde. Il se met là et il essaie de tenir les deux bouts... Telle est bien la source du martyre blanc, témoignage du plus grand amour, celui de donner sa vie en faveur d'un autre, de tout autre. Assumer les difficultés de la vie, assumer les conséquences de ses engagements. (Véronique Margron : Martyre blanc et martyre rouge, proposition théologique, Topiques 20104/4 N°113 ).

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