S’il y a un pauvre chez toi, l’un de tes frères, dans l’une de tes villes, dans le pays que yhwh ton Dieu te donnes, tu n’endurciras pas ton coeur et tu ne fermeras pas ta main, mais tu lui ouvriras ta main toute grande.

Deut 15,4 — Parole de Dieu

Le sappel

actualités

No 78
journal du sappel / Mai 2010 La relation

Des passeurs de vie

Témoignage de Chantal

 J'ai eu une mauvaise enfance, je n'ai pas eu mon père, pas eu ma mère, j'ai été abandonnée à l'hôpital. A 12 ans, je vivais dans la rue. Plus tard, je me suis mise avec des hommes, j'ai souffert et j'ai eu des enfants. Le pire qu'il m'est arrivé, c'est que j'ai perdu mon fils Mickael, en 2002. Au début j'étais croyante mais je ne pratiquais pas. Je ne savais pas lire la Bible, c'est en venant au Sappel que j'ai tout appris. Quand Mickael est décédé, je me suis dit : « J'ai perdu la foi ». Ici on m'a beaucoup soutenue. Chaque fois que je viens, j'ai toujours une petite larme car Mickaël venait aux Journées Familiales et on a fait des activités ensemble. Je peux vous dire que c'est dur à vivre.

 J'ai vécu une traversée terrible, mais il y a encore plus pauvre que moi. On vit dans des "quartiers" et on voit les jeunes qui cassent tout. Je me dis qu'il faut qu'on soit à l'écoute des jeunes. Les jeunes traînent dans les allées de nos bâtiments, mais moi ils m'ont toujours respectée, je peux rentrer à minuit, à 2 heures peu importe. C'est vrai que certains font ça pour le mal, mais certains c'est pour se faire remarquer, pour se faire entendre.

On m'appelle la psychologue dans mon quartier parce que chaque fois que quelqu'un a un problème, il tape à ma porte et moi j'écoute les gens. J'ai toujours été bonne vivante pourtant je n'ai pas eu une bonne enfance et malgré tous les malheurs qui me sont arrivés, j'ai réussie à avoir une famille. Au Sappel tous les 15 jours, on va au groupe de prière. Je viens aussi à l'atelier de création et c'est là que j'ai appris à faire du théâtre et que j'arrive à parler un peu.

 Marie Noëlle :

Quand je vous vois les unes et les autres, il y a une expression qui me vient à l'esprit : « passeur de vie ». C'est vrai que nous, nous n'avons pas connu ce que vous avez traversé, à partir de ce lieu, de vos traversées, vous êtes des" passeurs de vie". Ce que tu dis parfois à Marie-France, elle peut l'entendre parce que toi, tu as vécu déjà cela. De tes souffrances, il y a comme une vie qui surgit et qui peut être vie pour les autres.

top