Dieu, il est affolé quand un homme se perd, comme une maman quand elle perd un enfant. +

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No 85
journal du sappel / octobre 2012 HEUREUX, VOUS LES PAUVRES DE COEUR ! Télécharger le journal au format PDF

UN MÊME COEUR

          Au mois de juillet, des parents et leurs enfants ont pu faire un pèlerinage à Lourdes. L'accent était mis sur la démarche familiale : découvrir Lourdes et Bernadette, prendre du temps pour jouer, se parler et prier, tout cela en famille. Expérience parfois difficile, mais très riche, tant pour les familles que pour les accompagnateurs.

           Nous publions ici les réflexions de l'une d'entre-eux.

                                                                 Solène LE MONTAGNER

          « On rentre tous dans le même cœur. On est un même cœur. On y rentre parce qu'on veut y rentrer. »

Sandrine, une maman exprime là de manière lumineuse ce qui l'a touchée à Lourdes : un même cœur. Ces paroles prennent pour moi tout leur sens rapprochées à celle de Christophe qui affirme que l'eau de la grotte vient du cœur de Jésus.

 

          Ce « même cœur » que Sandrine a perçu à Lourdes, dans lequel nous rentrons tous ;et que nous sommes même, dit-elle, le cœur de Jésus...

 

          En disant cela, elle pense d'abord à la fraternité authentique vécue à Lourdes : « C'est pas comme dans le quartier, tu t'assieds sur un banc, les gens t'évitent. Là, tout le monde vient te parler. » Une fraternité qui l'a touchée aussi dans la mesure où les plus pauvres ont la première place, comme en cette soirée festive de la Cité Saint Pierre : « On dansait tous autour de ce jeune handicapé, c'était beau !». Marine sa fille de dix ans, elle aussi sent cela : alors que nous passons dans le petit cimetière autour de l'église de Bartrès, elle s'agenouille devant la seule tombe sans pierre tombale : « Tu sais pourquoi je prie sur cette tombe ? Parce que les autres c'est comme des châteaux, là c'est la plus pauvre !».

          Une fraternité d'où personne n'est exclu, à partir du moment où il a le désir d'y entrer : « On y rentre parce qu'on veut y rentrer. »

 

          Mais Sandrine voit bien que d'y rentrer, ce n'est pas si simple ! Car même si elle affirme : « le cœur de Lourdes, c'est l'eau », et qu'elle dit que le moment qui a été le plus important, c'est « quand j'ai pu aller boire aux fontaines. », elle ajoute aussitôt : « Il m'a fallu du temps. Au moment où je pouvais, j'ai bu. Mes mains n'étaient pas légères. On m'a emmenée à l'eau. Après, mes mains étaient légères. »

 

          Elle expérimente qu'entrer dans les démarches de Lourdes, venir boire à la source qu'est le Christ, accepter d'être accueillie dans le cœur de Jésus, cela implique de faire un chemin, de se laisser toucher en profondeur : « On est obligé de passer dans notre situation pour pouvoir faire le pèlerinage, on est obligé de passer par cette douleur. On creuse, on trouve la douleur, et après on recreuse pour trouver du clair. Parfois la douleur, elle est tellement profonde qu'il faut creuser longtemps, c'est long. On a la paix, mais on est obligé de passer par la souffrance. »

 

          Le mystère du cœur de Jésus, inséparable de la croix... Le Christ est passé par là, nous pouvons alors mettre nos pas dans les siens pour monter ce chemin de croix avec Lui : « Quand on a fait le chemin de croix, je pensais pas que ça montait tant. J'étais vidée. À chaque station, j'avais la souffrance. J'avais ma croix, j'étais en communion avec Jésus. J'avançais.»

 

          Lors de la préparation du Chemin de croix avec les enfants, alors que nous prenions chaque station l'une après l'autre, Irma a insisté, répétant plusieurs fois : « Après, un soldat va mettre un coup de lance dans le cœur de Jésus ». Je demande ce qui en jaillit, les enfants disent en chœur « du sang », et quand je demande « quoi d'autre ? », ils réfléchissent, Marine dit : « de la lumière », et Émeline : « de la gentillesse » ! Ils ont compris eux aussi qu'au cœur de la souffrance, de la mort, jaillit l'Être même de Dieu, la Lumière, l'Amour, la Vie !

 

 

          À la suite de Sandrine et des enfants, j'ai réalisé que Lourdes est donc ce lieu où l'on peut se découvrir un peu plus comme étant dans le cœur de Jésus, lieu où l'amour répond à la souffrance, et même plus : appelés à être ensemble le cœur de Jésus pour les autres : « On est un même cœur » comme le dit Sandrine.

 

          Jésus nous le dit lui-même (Jean 7,37)  « Celui qui a soif qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi, comme le dit l'Écriture, des fleuves jailliront de lui-même en eau vivante. Il voulait parler du souffle de l'Esprit Saint qu'allaient recevoir  ceux qui croient en lui »

 

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