lettre à tous les hommes abandonnés
Tu n'es pas seul entre tes quatre murs avec toi je suis là.
Je partage ta peine,
Chaque jour de ton enfer je pleure avec toi.
Non, tu n'es pas seul, je suis avec toi.
Ton angoisse je la connais, je l'ai vécue comme toi ;
Moi aussi j'ai été abandonné de tous.
Dans ta détresse j'entends ta voix, elle est juste en mon cœur,
J'entends qu'elle vient vers moi.
Entre tes quatre murs tu ne me vois pas.
Et pourtant, regarde, regarde, il n'y a que moi qui peut être là.
Voilà des années que tu espères
Voilà des jours de tristesse et d'angoisse,
Des nuits où je vois que tu ne dors pas.
Ton espérance, aujourd'hui, elle est là :
Je suis là pour consoler ta peine,
Pour essuyer tes larmes, celles que les autres ne voient pas !
Je sais que tu rêves d'un monde juste, mais il n'existe pas ici-bas.
Tes désirs sont justes, c'est pour cela que je suis près de toi.
Ce monde dont tu rêves, il est là,
Près de toi, je le dépose dans ton cœur.
N'écoute pas ceux qui t'ont parlé de moi, ils ne me connaissent pas.
Car pour me connaître, il faut être comme toi,
Seul et abandonné de tous, ne pas avoir de cœur où se reposer.
Ta peine, ils ne la porteront pas, car ils ne savent pas.
Mais, je t'en supplie, ne leur en veux pas.
Non, tu n'es pas seul dans ta cellule ;
Dans cette ombre qui traverse ta vie,
Dans ce silence insoutenable,
Où seul retentit le bruit des clés et des portes,
Dans ce lieu, où l'on t'a rejeté, Moi, je suis là !
Je ne t'abandonnerai jamais,
Le jour où tu me diras : « Sauve-moi ! »
Eh bien, moi qui pleure avec toi, et qui prends ta peine
Je ferai de ton malheur, une éternelle joie !
Ce feu de l'amour, dont tu rêves,
Ce feu de la justice, qui brûle en toi, à jamais il brûlera ;
Car malgré ces barreaux, ta cellule, tes années de prison
Eh bien, moi, je resterai toujours près de toi.
Je suis ton espoir, la source de ta vie.
Ecoute ce silence, comme il est bon avec moi.
Tu sais moi aussi, je ne sais où poser la tête.
Eh bien, si tu le veux, je la pose sur toi.
Merci d'avoir pitié de moi. Ne sommes-nous pas des amis ?
Mais, qui est cet homme qui te dit tout cela ?
Regarde, regarde encore une fois au fond de toi,
Tu verras qu'il y a longtemps que je suis là,
Je suis ton rêve, car je suis l'Amour,
Je suis ta vie, car je suis la Justice,
Je suis ton Ami, car je prends ta peine,
Je Suis Jésus !
Aujourd'hui, je veux que tu sois près de moi
Je suis ton Dieu, pauvre, humble, triste, abandonné.
Et moi, Jésus, je suis mort sur une croix,
Où comme toi, plus personne n'était là.
Mon Eglise, elle est là, dans ta cellule,
Je l'ai mise dans ton cœur car tu es ma brebis.
Dans mon royaume, j'ai préparé une place pour toi
Et jamais tu n'en seras écarté.
Rachid Dominique
Un jeune détenu de la prison de N.