EDITORIAL
En ces temps où la violence et la peur gagnent du terrain, il est bon d'entendre la voix claire et inspirée d' Etty Hillesum qui jusqu'au bout a su garder cette juste tension entre la conscience aiguë du mal et l'élan de l’émerveillement :
"On a parfois du mal à concevoir et à admettre, mon Dieu, tout ce que tes créatures terrestres s'infligent les unes aux autres en ces temps déchaînés.
Mais je ne m'enferme pas pour autant dans ma chambre, mon Dieu, je continue à tout regarder en face, je ne me sauve devant rien, je cherche à comprendre et à disséquer les pires exactions, j'essaie toujours de retrouver la trace de l'homme dans sa nudité, sa fragilité, de cet homme bien souvent introuvable.
Ensevelie parmi les ruines monstrueuses de ces actes absurdes, ... je regarde ton monde au fond des yeux, mon Dieu, je ne fuis pas la réalité pour me réfugier dans de beaux rêves - je veux dire qu'il y a place pour de beaux rêves à côté de la plus cruelle réalité - et je m'entête à louer ta création, mon Dieu, en dépit de tout !"