EDITORIAL
Geneviève DAVIENNE
En vue de Diaconia, nos thèmes de partage portent ces temps-ci au Sappel sur ce qu'il y a d'extraordinaire dans nos rencontres, extraordinaire dans le sens premier du mot, ce qui sort de l'ordinaire.
Ainsi Muriel dans sa maisonnée, témoigne combien elle a été touchée du soutien qu'elle a eu de la part des uns et des autres quand sa tumeur au cerveau s'est déclarée :
« J'ai eu des visites, on a prié pour moi, j'ai senti que j'étais soutenue, ça m'a fait beaucoup de bien »
Quand son tour de parole arrive, Chantal rebondit :
« Oui, moi on m'a dit ici qu'une dame était très malade, qu'il fallait prier pour elle ! Alors, j'ai prié longtemps, j'ai prié pour cette personne, alors que je ne la connaissais pas … Enfin, à l'occasion d'une retraite à la Maison du Sappel, je l'ai rencontrée et j'ai pu faire sa connaissance ! Là, je lui ai dit que j'avais beaucoup prié pour elle. Elle portait une perruque, car les traitements se poursuivaient.... Un jour de chaleur, je lui ai même dit : ' tu devrais retirer ta perruque, tu ne crains rien ici... et ça ferait du bien à ta tête ! ' »
En entendant le témoignage de Chantal, je suis renvoyée aussitôt aux premiers temps de la Communauté...
Une retraite se déroulait alors à l'Abbaye de la Buissière, retraite au cours de laquelle devait se réaliser une première vidéo pour présenter la Communauté. Le tournage se passe, les interviews se déroulent...
Celui qui tient la caméra est atteint d'une tumeur au cerveau et porte une casquette.... Profondément touché par ce qu'il voit et entend de la part des uns et des autres, il confie à la fin de la semaine à l'un d'entre nous : « Je crois que devant ces personnes, j'aurais vraiment pu enlever ma casquette ! »
Quel est donc cet extraordinaire qui se vivrait au Sappel ? Serait-ce que parce que la vie en a dépouillé beaucoup parmi nous, leur a arraché jusqu'à l'essentiel parfois, les laissant devant nous dans une vérité nue et souvent crue, nous serions invités à notre tour, à déposer peu à peu nos perruques, nos casquettes, nos masques … et toutes armes ?
Pouvons-nous accepter que, oui, fondamentalement nous ne craignons rien, comme le disait Chantal, puisque le Maître lui-même est passé par là ? et que la vérité du Royaume que nous essayons de bâtir ensemble est à ce prix... ?
Oserons-nous cet « extraordinaire », ensemble ?