Souvenez-vous du visage de l’homme le plus pauvre et le plus faible que vous ayez jamais vu. +

Mahatma Gandhi — Parole de sages

Le sappel

actualités

No 73
journal du sappel / Juin 2008 Journal

Editorial.

Une histoire de couverture

« Avorter ? Ne pas avorter ?...et quand le délai est passé, Abandonner mon enfant sous X ou bien le garder, mais je sais bien qu’il sera placé….. », Madeleine, enceinte pour la cinquième fois, est taraudée par toutes ces questions, prise au piège entre la pression sociale, son impuissance à élever des enfants et son désir. « On voudrait avoir une vie, mais c’est pas simple. On voudrait avoir un compagnon qui nous aime, garder ses enfants…avoir une vie comme tout le monde . Ma vie à moi, elle est mystérieuse. »

Je ne sais comment l’accompagner dans ce temps si difficile où elle doit prendre une décision qui engage profondément son avenir et celui de son enfant. Puis une idée, si on tricotait toutes les deux une couverture quand on se rencontre, au lieu de tourner en rond avec toutes ces questions. Les jours où Madeleine veut garder son enfant on tricote des petits carrés de laine et les jours où elle décide de l’abandonner, on ne tricote pas. Et ainsi, de semaine en semaine, la couverture s’agrandit, les carrés sont un peu tordus, cousus maladroitement ensemble, mais le jour où Aïcha est née, elle couvre joliment le landau. Comme le pressentait sa maman, le bébé a été placé très jeune, car Madeleine, pétrie d’angoisse était vraiment trop désorientée, Heureusement la relation est quand même établie solidement. « Aicha, elle est bien dans mon nom, ça la protège un peu. » Elles se voient régulièrement et Madeleine continue de tricoter. Pour ses 10 ans Aïcha a reçu une magnifique couverture, immense, dans laquelle elle peut s’enrouler, rose, orange, jaune, vert. Madeleine a un sens des couleurs absolument étonnant et détonnant, je suis en admiration devant sa créativité et sa liberté.

« J’aime tricoter des carrés, j’aime tricoter des couleurs. Micheline elle est comique !! » Petits carrés qui l’aident à traverser des moments de solitude intense, couvertures qu’elle peut offrir à ceux qu’elle aime, et même à la nourrice de sa fille . Petits carrés cousus ensemble de plus en plus solidement à l’image de sa propre vie dans laquelle elle découvre une cohérence , « J ‘ai passé des misères, des souffrances et plus que ça ! Et je suis encore Madeleine ! »

Bigna Paturle

top