S’il y a un pauvre chez toi, l’un de tes frères, dans l’une de tes villes, dans le pays que yhwh ton Dieu te donnes, tu n’endurciras pas ton coeur et tu ne fermeras pas ta main, mais tu lui ouvriras ta main toute grande.

Deut 15,4 — Parole de Dieu

Le sappel

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No 90
journal du sappel / mai 2014 JOURNAL 90 Télécharger le journal au format PDF

"babel" et "jonas" - un projet d'année pour 2012/2013

BABEL

 

Notre projet a été de réaliser une représentation de théâtre avec une douzaine d'enfants et d'adolescents.

Lors des rencontres mensuelles des familles à Grange-Neuve, nous avons proposé aux enfants et aux adolescents un temps d’atelier théâtre animé par un comédien.

Tout au long de l’année, au fil des rencontres, nous avons ainsi construit une petite pièce de théâtre, l’histoire, les costumes, les décors… Le thème d’année du Sappel était « bâtir la fraternité », nous nous sommes donc inscrits dans cette dynamique et avons choisi l’histoire de la tour de Babel comme base de notre pièce. Celle-ci s’est inspirée d'un conte transmis à tous lors de la journée de rentrée, et au fur et à mesure des ateliers, le conte a été enrichi par les idées des enfants et des adolescents, et concrétisé par les efforts combinés du comédien, de la conteuse, d’une musicienne et des animateurs.

Nous avons insisté particulièrement sur le contraste entre « tous pareils » au début de l’histoire et « chacun sa particularité » à la fin, pour que les enfants se rendent compte de la richesse qu’est la différence, et de la fraternité possible par la différence.

Des temps de réflexion et de partage ont complété les ateliers de théâtre pour les aider à prendre conscience de cela. Nous avons donc réalisé des capes identiques pour le début de la pièce, et dessous, les enfants avaient des déguisements différents.

Des cartons, peints symbolisaient au départ le travail mécanique à la chaîne, et permettaient de construire une muraille où tous se trouvaient enfermés, puis la colère de Dieu dispersait les personnes toutes pareilles, qui trouvaient ensuite leur individualité, donnaient leur nom et découvraient la joie de la liberté et de la fraternité. La pièce était rythmée par des percussions et des refrains repris ensemble.

 

Ce scénario a permis à chaque enfant et ado de trouver sa place, nous avons été attentifs à ce que tous puissent être moteurs et utiles à la réalisation de cette œuvre commune. Ils ont ainsi pu être chacun valorisé et découvrir qu’ils étaient capables de belles choses.

Malgré le côté un peu fastidieux des répétitions (qui par définition sont répétitives !), et le « y en a marre » exprimé par les enfants, ils étaient ravis de la représentation finale, fiers de pouvoir montrer leur œuvre à leurs parents. Ils ont ainsi appris le prix de la persévérance et du travail sur la durée, qui permet d’aboutir à la joie de la réalisation.

 

Voici quelques réactions des animateurs au long de l’année et à l’issue de la représentation :

« Je suis surpris et heureux de l’ambiance et de la motivation générale des enfants. Je trouve qu’ils ont été plutôt disciplinés et investis. Peut-être parce qu'ils sentaient les échéances arriver. »

« J’avais l’impression que toute la pièce passait au-dessus de la tête de Samir, mais il a dit sa réplique sans qu’on ait eu besoin de la lui rappeler de la dernière fois. Cela montre que la pièce a de l’importance et du sens pour lui, qu’il y trouve un exutoire et une forme d’expression. »

« Je suis très touchée par la manière de Domenico(le comédien) de donner à chaque enfant une place particulière, en particulier à Ludovic qui est souvent assez dur… »

« Les répétitions étaient quelquefois difficiles. Je restais souvent avec la question comment « intégrer » des enfants comme Marine qui se tenait si souvent à l’écart. Mais voilà que sa participation au spectacle final m'a appris qu’elle porte un désir caché de faire partie du groupe… »

« Le public a été génial et les enfants/ados ont pu être fiers de ce qu’ils ont fait. J’ai senti que les parents étaient eux aussi fiers de leurs enfants. Je trouve important de leur prouver qu’ils peuvent arriver ensemble à réussir un projet collectif. »

 

 

JONAS :

un projet pour « l’été autrement » 2013

Au mois de juillet deux séjours familiaux se sont déroulés successivement à Grange-Neuve, sur le thème de l’histoire de Jonas.

Chaque fois, une quinzaine de familles se sont ainsi retrouvées pour cinq jours de partage et de création dans un mélange de générations et de milieux.

Chaque matin étaient proposés différents ateliers artistiques (terre, fresque, sculpture en béton cellulaire, peinture, bricolage, marionnettes…), en vue d’effectuer une œuvre commune. Les enfants, les adolescents et les adultes ont pu choisir l’atelier auquel ils désiraient participer, et malgré l’envie parfois de changer au cours du séjour, ils ont pu s’y tenir pour arriver au bout de ce qui était proposé.

 

 

Ainsi à la fin de la session chaque atelier a présenté aux autres ce qui avait été fait : tous étaient fiers des œuvres accomplies, et admiratifs du travail des autres.

Les après-midis étaient conçus sur le mode « détente », de vraies vacances vécues ensemble, avec un pique-nique au lac, des temps de jeu à Grange-Neuve en famille, des ateliers cuisine…

Les séjours se sont terminés par un concert de chant et piano, suivi d’un repas festif, préparé ensemble.

Chaque atelier a été aussi pour le groupe l'occasion de réfléchir sur l'histoire de Jonas.

Certaines personnes se sont retrouvées dans cette histoire:

« Jonas fuit. Il est confronté à lui-même, à la mort. Cela me rejoint. Dans le doute et les angoisses, il fait confiance à Dieu. C'est plus facile de surmonter ses peurs quand on est accompagné. Implorer, pleurer, crier, ce n'est pas négatif. »

« Le ventre du poisson c'est l'intériorité, la dépression. Dans l'obscurité totale, j'ai continué à aimer. Il faut y passer pour retrouver la lumière. »

« Jonas est dans une profonde dépression, il souhaite la mort. Jonas aime Dieu mais il n'aime pas les habitants de Ninive. Jonas est comme moi, il a des difficultés à accueillir l'amour de Dieu pour les hommes qu'il déteste, une difficulté à pardonner. Nous avons des ennemis au fond de nous et à l'extérieur de nous, des ennemis intérieurs et extérieurs. »

Ces moments de partage ont été précieux, car ils ont permis à chacun de trouver sa place, notamment pour ceux qui venait pour la première fois:

« Je n'étais pas bien tout à l'heure, ici, il y a trop d'amitié, trop d'amour, il faut du temps pour le digérer. Ça fait trop d'amour d'un coup, toutes ces attentions autour de moi, de pouvoir parler avec mes enfants, de se faire de nouveaux amis. »

Réalisation d'une fresque murale

Aidé par un artiste, un groupe s'est mis à l'ouvrage pour réaliser une fresque murale sur Jonas.

Les participants ont commencé par dessiner les différents épisodes de la vie de Jonas: sa fuite sur un bateau, les marins qui le jettent à l'eau, les profondeurs de la mer peuplées de monstres marins, Jonas dans la baleine, Jonas à Ninive et Jonas en colère sur la colline...

Chacun, enfants, adolescents, ou adultes, a exprimé un des épisodes à sa manière.

L'artiste avait délimité quelques espaces où chaque participant a ensuite peint sur le mur. Certains s'attachaient plus particulièrement à un épisode (Jonas dans la baleine), d'autres à un élément (le ciel, la terre, les rochers, les villes).

Quelques-uns travaillaient de manière assez individuelle, et d'autres peignaient en équipe en s'entraidant...

Mais il y avait toujours un temps commun au début de l'atelier où l'artiste invitait à regarder ce qui était fait et suscitait le dialogue pour la suite du travail. Comme la fresque a été réalisée sur les deux séjours, les équipes ont été très différentes.

 

Au second séjour, il y avait des adolescents qui avaient plus de mal à s'y mettre, mais la découverte de la technique du « tag » a fini par les accrocher !

 

Plus d'une vingtaine de personnes ont participé et le résultat a été étonnant : une belle expérience de création commune avec un artiste.

 

Le groupe des jeunes (15-18 ans)

Les jeunes ont choisi de faire des « Slams ». «Ils ne maîtrisent pas bien l'écriture ni même l'expression orale» mais les animateurs ont été surpris de voir comment ils se sont pris au jeu; chacun était fier d'arriver à un résultat.

Ils partaient deux par deux et revenaient une heure après pour exposer ce qu'ils avaient imaginé. Le groupe aidait à améliorer le texte.

« Ludivine est arrivée fermée, elle est partie avec le sourire. Elle était très positive et participante. Julia a maintenant une vraie place, elle a des amis et s'entend bien avec sa sœur. Benjamin sort les autres de leur enfermement, il ne divise pas le groupe, mais est facteur d'unité. Il est très proche de tous et de toutes. »

C'était bon pour les jeunes de vivre ce temps avec leurs familles, tout en ayant leur dynamique propre ils pouvaient discuter avec d'autres adultes, avec leurs parents et être avec les enfants.

 

Nous conclurons par cette réflexion d'un enfant :

« Dieu, il aime les menteurs ? Il aime les criminels ? Au fond, il m'aime moi ? Est-ce possible ? »

 

Tout au long de ces deux semaines, nous avons senti cette force de la création qui a généré une belle unité dans chaque groupe, la fierté lors de la présentation des ateliers et beaucoup de dignité.

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