Méditation du 24 avril par Mgr Gobillard

Aujourd'hui dans l'évangile, nous méditons sur la multiplication des pains et des poissons. Mettons-nous à la place des apôtres qui, légitimement et avec beaucoup de générosité, pensent à ces gens qui ont soif, qui ont faim, qui sont fatigués. Ils disent en substance à Jésus qu'il rêve un peu, qu'il est un peu trop spirituel, qu'il a un peu trop la tête dans le ciel, ils lui disent en substance qu'il devrait avoir un peu plus les pieds sur la terre, "enfin tu vois bien Seigneur que ces gens ont faim, tu leur proposes ta parole, tu les enseignes".

 

Les apôtres n'ont pas compris qu'il n'y a pas plus humain que Jésus, qu'il a, bien plus qu'eux, les pieds sur terre, justement. Il comprend du plus profond de lui-même ce qui inquiète les apôtres, mais il leur répond : n'ayez pas peur, vos légitimes préoccupations  je les prends en compte je vais me servir de vous, de cet enfant, de ces quelques pains, de ces quelques poissons, pour vous montrer qu'on peut avoir la foi et être profondément concret.

 

Que justement la contemplation de Dieu nous rend plus réalistes, plus vrais, plus ajustés, plus au contact avec les gens, avec les pauvres surtout, pour leur donner non seulement le pain mais aussi l'essentiel : la nourriture, pour leur cœur, pour leur espérance. Sa parole est une nourriture pour les pauvres et nous devons penser à leur nourriture matérielle mais nous devons ne pas oublier la nourriture spirituelle.

 

Ca fait penser à cette magnifique phrase du Pape François dans "La joie de l'Évangile". Voilà ce qu'il dit :

"Etant donné que cette exhortation s'adresse aux membres de l'Eglise catholique,  je veux dire avec douleur que la pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque d'attention spirituelle, l'immense majorité des pauvres a une ouverture particulière à la foi, ils ont besoin de Dieu et nous ne pouvons pas négliger de leur offrir son amitié, sa  bénédiction, sa parole, la célébration des sacrements et la proposition d'un chemin de croissance et de maturation dans la foi. L'option préférentielle pour les pauvres doit se traduire principalement par une attention religieuse, privilégiée et prioritaire."

 

Merci Pape François, oui ! Jésus les nourrit spirituellement sans négliger la dimension humaine et matérielle.

En ces temps difficiles, nous devons vivre les deux de la même manière, proposer une vie spirituelle et proposer un soutien matériel.

 

Emmanuel Gobillard, évêque auxiliaire de Lyon

 

Retrouvez l'emission en intégral sur le site de RCF en cliquant ici.

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Cela fait écho à ce qu'un ami du Quart-Monde, très démuni, qui vit en Savoie, avait dit pour la Journée Mondiale des Pauvres en 2018 :

"Les pauvres, il faut les aider dans la foi en Dieu pour qu'ils connaissent mieux Dieu, pour ne pas oublier Dieu et Jésus.

Il faut leur donner la nourriture de Dieu, pas seulement la nourriture à manger. Il faut les 2.

Ils ont besoin d'être encouragés dans leur foi. Il ne faut pas s'inquiéter de l'argent.

Sans foi, sans rien, on est perdu.

La nourriture spirituelle ça compte beaucoup, c'est la survie. Si on n'a pas la foi en Dieu, on est perdu, on meurt. Il faut tenir le besoin de nourriture et le besoin spirituel."

 

A la question pourquoi une Journée Mondiale des Pauvres, il avait répondu :

"Pour penser aux pauvres ! Surtout pour leur donner la nourriture spirituelle. Avec les pauvres, il faut prier, lire la Bible, chanter des chants de Dieu. Il faut les aider simplement et spirituellement. C'est bien beau de voir une table garnie de nourriture... mais ce n'est pas la meilleure solution"