Nous venons de vivre cette magnifique liturgie de la semaine sainte où nous sommes plongés dans le mystère fonda- teur de la foi chrétienne. Nous nous ouvrons au souffle de Dieu dont le passage implique une nécessaire mort. Avec Jésus nous mourrons au monde ancien pour entrer dans le monde nouveau, celui de la grâce. C’est ce mystère que nous sommes appelés à revivre tout au long de notre vie chrétienne, d’abord par le baptême et puis par l’eucharistie.
A Pâques nous avons eu la joie d’accompagner au baptême des amis du Sappel, pour chacun c’est une nouvelle vie !
Jordan : « C’est comme à Lourdes où j’ai étéplongé dans l’eau, j’ai senti que tout ce qui était mauvais sortait de moi , je l’avais laissé dans l’eau. Je respecte trop la religion pour la faire « à demi ». Il faut être à fond. Avant j’avais peur de pas pouvoir le faire ».
Miriam : « J‘ai toujours entendu parler de Dieu, même si mon père était musulman et ma mère athée. J’ai toujours été attirée par les églises, c’est comme ça que j’ai rencontré le prêtre du quartier : je cherchais Dieu, l’Unique, le Dieu de tous les hommes ».
Baptisés, nous sommes donc invités à actualiser notre foi par la célébration de l’eucharistie. Au Sappel, quand nous vivons la messe, nous sommes souvent surpris par le grand silence du début : les personnes arrivent avec un tel poids de souffrance, qu’il y a une espèce de sidération, puis à la consécration surgit une joie qui se manifeste dans l’assemblée et qui souvent finit par exploser dans une danse. On est toujours émerveillé par cet éclatement, par cette libération. Dans les messes paroissiales je suis souvent déçu que nous ayons tant de mal à vivre ce mystère de mort et de résurrection où nous entraîne le Christ. Dans ma paroisse pourtant, pendant plusieurs années deux femmes d’allure modeste venaient à la messe du dimanche; en retard, elles traversaient toute l’église pour s’installer au premier rang, qui souvent était libre. La plus âgée avait du mal à marcher, elle était aidée par la plus jeune, sans doute sa fille. Un dimanche, à la sortie de la messe je les ai abordées, la plus jeune m’a dit : « Toute la semaine ma mère pleure de savoir que Jésus a souffert sur la croix, pour la consoler je lui fais un signe de croix sur le front. Et à la messe quand le prêtre montre l’hostie, cela met ma mère dans un grande joie ! » Je les ai embrassées tellement j’étais touché qu’elles vivent si profondément le sens de la messe : la mort et la résurrection du Christ, que nous avons tant de peine à vivre dans nos eucharisties. Les plus pauvres nous entraînent au cœur du mystère !
Dominique Paturle
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