La différence entre les riches et les pauvres, c’est que les riches, ils ne pensent pas aux pauvres, alors que nous, on pense sans arrêt aux riches…

Quico — Parole des pauvres

Le sappel

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No 70
journal du sappel / Juin 2007 Journées familiales

Pour tisser la fraternité.

Des petits groupes

Pour favoriser l’apprivoisement mutuel et les rencontres, nous nous retrouvons par groupes de trois à cinq familles, une journée par mois.

« Les petits groupes, c’est mieux… Quand on se retrouve trop nombreux, je me perds… je ne me rappelle plus le nom des personnes, ni à qui j’ai dit bonjour… »

« Ca permet aussi de mieux se connaître les uns les autres : quand on retrouve les mêmes familles, des liens se créent. » « Quand il y a trop de monde, ça ne me plaît pas, moi je suis un voyageur, j’aime bien être tranquille.  »

Un partenariat

Ces Journées Familiales sont un chemin de connaissance mutuelle entre les familles du Quart Monde et les familles partenaires qui n’ont pas connu la misère du rejet, de l’exclusion. Nous avons des expériences de vies parfois très différentes « Toi, tu n’as pas eu tes enfants placés… » « On n’est pas du même monde. Nous, nos gosses, ils ne voient pas leurs parents. »

Prise de conscience que nous sommes de deux « mondes », mais habités du désir de faire un bout de route pour partager nos savoirs faire, nos richesses, nos difficultés et accueillir ensemble la Parole de Dieu.

Un échange de savoir faire

La Journée Familiale commence par la présentation du thème spirituel, sous forme de conte, de fresque, de montage audio-visuel. Puis nous nous répartissons en différents ateliers adultes et enfants confondus : cuisine, peinture, musique, bricolage… Ces temps permettent de nous apprivoiser mutuellement. Quelle ébullition à l’atelier cuisine quand Natacha nous apprend à faire du pain et Maude, la tourte aux poireaux ! Un autre jour c’est le tour de Patricia de lancer un couscous. Ses enfants sont alors très fiers, lors du repas, d’être au service comme au restaurant. Moment magique où les enfants sont un peu comme les rois de la fête, leur permettant cette fois-ci d’être calmes à table, ce qui n’est pas leur habitude d’ordinaire, tout cela parce que leur mère est le cordon bleu du jour. Parfois les propositions d’ateliers ne sont pas adaptées. Nous tâtonnons pour trouver ce qu’il convient de proposer aux enfants et à leurs parents.

Un temps familial

Les rencontres sont rythmées par l’accueil de la Parole de Dieu à travers des récitatifs, un temps de prière collective et un temps par famille. Pendant ce moment parents et enfants se retrouvent autour du journal des Bonnes Nouvelles avec une icône et une bougie ; ils approfondissent le thème abordé le matin. Le journal des Bonnes Nouvelles permet de garder une trace mensuelle de l’histoire biblique et de l’histoire familiale. Ensemble nous revenons à la source de la Vie, nous pouvons nommer Dieu, parler de Lui : « Si Jésus n’était pas né, on n’aurait pas de Dieu à adorer et on ne saurait pas qui nous soutient. » Stéphanie, 15 ans. Nous pouvons aussi exprimer nos colères : « Pourquoi Dieu, tu nous envoies que des misères ? » Edith, 13 ans.

Un lieu, la maison de Grange Neuve

« Comme je n’ai pas de voiture, je ne sors pas souvent. Dans mon quartier, mes enfants ne font rien, ils n’ont rien pour s’amuser, pas un jeu pour eux, pas un parc. Le dimanche, en plus, il n’y a pas beaucoup de bus. Quand ils viennent ici, les enfants font diverses activités, ils s’occupent, ils font du vélo, de la peinture, ils vont voir les animaux… Ils sont contents. » Toutes ces activités permettent de nous enraciner sur un même lieu, Grange Neuve. « Quand le dimanche, on va à Grange Neuve, on reprend de l’oxygène, et cela nous donne du courage pour la semaine. On attend ces temps de rencontre avec impatience : ce jour-là les enfants se réveillent de bonne heure. » Comme le remarquait un accompagnateur pendant un séjour d’été : « La misère peut conduire à ne pas avoir de lieu, être de ‘nulle part‘. Le Sappel est précieux pour les familles du Quart Monde et aussi pour moi car il me donne un lieu, Grange Neuve, qui est un repère. ». En effet, certains sont amenés à passer de logement en logement. Ainsi, Ghislaine, à la suite du décès de son jeune fils, a vécu pendant cinq années « comme une balle » selon ses propres mots, logeant chez ses enfants, une fois chez l’un, une fois chez l’autre. Grange Neuve devient un lieu de rassemblement, d’identité qui permet d’ancrer la vie de chacun dans une histoire, avec des rites et un cadre relationnel commun à tous.

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