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Journal du confinement - mai 2020

Témoignage à RCF de Philippe Brès pour la fête du 3 mai, de la paroisse St Philippe, à Vénissieux.

 

Bonjour à tous les paroissiens et paroissiennes qui m'écoutent.

 

Je suis Philippe Brès, membre de la Communauté du Sappel, diacre du diocèse de Lyon dans la Communauté du Sappel et sur la paroisse de l'Epiphanie, à Vénissieux.

Nous avions prévu de nous retrouver tous ensemble en notre paroisse ce dimanche pour fêter notre saint patron, St Philippe apôtre, mais nous voilà tous confinés chez nous. Mais cela ne nous empêche de vivre cette journée en communion les uns avec les autres. Chacun a été invité à se préparer à cette journée en réalisant une croix, en lisant des textes de la Parole de Dieu, de notre ancien évêque Philippe Barbarin et de paroissiens sur l'apôtre Philippe. Nous avons aussi choisi de demander à quelques paroissiens de témoigner de ce qu'ils vivent pendant ce temps de confinement.

 

J'ai fait le choix de ne pas parler de moi mais de trois paroissiens, Isabelle, une maman et deux hommes, André et Frédéric, avec lesquels je suis en lien depuis longtemps. Des paroissiens qui sont aussi membres du Sappel.

Isabelle témoigne ainsi :

« Moi je suis quelqu'un qui ne sort pas beaucoup. J'ai l'habitude de rester à la maison, ça ne me dérange pas. Je suis comme mon père et ma mère. Ne pas sortir c'est une habitude. En plus ce n'est pas un quartier où on peut sortir

Ce qu'elle dit là est commun avec ce que disent André et Frédéric, mais aussi avec d'autres personnes que je rencontre. Cela nous montre que finalement, ce confinement qui est imposé à tous les Français, des personnes le vivaient déjà dans leur quotidien. Un bon nombre de personnes dans notre société sont presque invisibles.

 

Frédéric nous partage :

« Je ne peux pas aller où je veux, à Saint Fons notamment, pour aller à Lidl. Je suis obligé d'aller à Casino, mais Casino c'est cher, c'est plus cher que Lidl. Je fais attention à mon argent, j'y arrive, mais c'est juste. Je ne peux pas sortir des Minguettes. Mais même en y restant, je vis dans la crainte de prendre une amende. 135 € ça fait beaucoup ! Les papiers pour sortir, ceux qui n'ont pas internet et pas de photocopieuse, ils ne peuvent pas en avoir. À La Poste et à Casino, ils ne veulent pas qu'on utilise la photocopie parce qu'on doit toucher les boutons. Si on n'a pas internet, on ne peut pas faire beaucoup de choses, c'est dérangeant. »

Là encore, l'expérience est commune à tous les trois. Tout ce qu'ils ont inventé pour vivre avec peu de moyens est mis à plat. Il faut s'adapter à ce nouveau contexte. Les nouvelles technologies ne sont pas accessibles à tous et cela participe à l'exclusion.

André continue :

« Moi je n'ai pas de masque, ça nous empêche de sortir avec cette maladie. On évite les gens parce qu'on ne sait jamais s'ils sont malades, il faut se mettre à l'écart. »

Ce sentiment de peur, on le voit, participe encore à l'exclusion.

 

Ce qui fait tenir :

André :

« C'est difficile d'être enfermé. De temps en temps je vais faire un tour sur le balcon. A part faire le ménage, m'occuper de l'oiseau et regarder la télé, qu'est-ce que tu veux que je fasse ? »

Isabelle :

« Ce que vous me donnez, les mandalas, la prière, le KT, ça m'occupe. Il y a le téléphone aussi pour appeler. Quand j'ai le moyen d'avoir des ingrédients, je fais de la cuisine aussi au lieu d'acheter des gâteaux. »

Frédéric :

« Ce qui me fait tenir, c'est la foi. J'écoute toujours Lourdes à 15h30. Moi je suis toujours en contact avec Dieu. Comme quelqu'un qui joue aux boules, ou qui fait du sport, croire en Dieu ça occupe. »

 

L'espérance pour l'avenir :

Frédéric :

« On est tous des frères, si tous les gens du monde voulaient se donner la main, le bonheur serait pour demain. Il faut que les gens soient plus solidaires, qu'ils s'aident entre eux. Je prie pour qu'il y ait moins d'égoïsme. »

André :

« Que je puisse sortir pour aller voir ma fille. Que ma fille qui est placée en famille d'accueil puisse sortir pour aller voir ses copines et venir me voir. Que mon fils puisse avoir un travail. Et puis la prière par téléphone, ça fait du bien mais ce n'est pas suffisant. Je voudrais sortir, aller à la chapelle où on prie ensemble, ça permet d'oublier ses soucis. »

Isabelle :

« Moi je prie pour que ça s'arrête le coronavirus. Je prie pour les aides-soignants, les pompiers, la police, le Samu, tout ce monde qui nous entoure dans notre vie. Je prie pour tous ceux qui ont le coronavirus, qu'ils guérissent, et pour tous ceux qui sont décédés et pour leur famille. »

Les liens fraternels sont indispensables, sans eux, on ne peut pas vivre une vie humaine.

 

Je termine par la parole d'une autre paroissienne :

« Après le confinement, je ne sais pas si les gens comprendront qu'ils étaient soutenus par la prière des uns et des autres. Est-ce qu'on va regarder les autres avec le regard de Jésus, avec son regard qui ne juge personne ? »

 

Belle fête de la St Philippe et que la paix du Christ habite nos coeurs, nos familles, nos voisins, nos quartiers, notre ville.

 

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En ce temps de confinement, la Communauté du Sappel reccueille la parole des plus pauvres dans un journal que vous pouvez lire en cliquant ici et sur notre page Facebook.

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