Editorial
Il y a trois ans, nous réfléchissions en Communauté à ce qui nous semblait être un appel fort et pressant pour le monde et pour l’Église, appel que nous pourrions creuser avec les personnes du Quart-Monde. Dans un contexte sociétal de désespérance, nous constations qu’une forme d’espérance était présente chez elles alors qu’elles avaient toutes les raisons de désespérer. Nous nous disions alors que travailler avec elles sur ce sujet et faire entendre cette espérance au monde et à l’Église pouvait être une forme de contribution de leur part à la vie du monde. Nous formulions ainsi notre thème de travail sur 3 années : « À l’écoute de la clameur des pauvres et de la terre, ensemble, faire jaillir et retentir l’espérance ».
Au terme de ces trois années, nous mesurons le chemin parcouru à partir de nombreux ateliers de travail. Les ateliers de partageà partir de textes bibliques, d’extraits de l’encyclique Laudato Si, d’expériences de vie recueillies au Sappel et ailleurs, de la figure de François d’Assise ont constitué un recueil de paroles. L’atelier d’art a abouti à la création d’une oeuvre picturale et poétique constituée de 9 tondos (tableaux ronds) et de 9 poèmes.
Nous percevons ainsi combien la misère qui traverse toute la vie des personnes du Quart-Monde provoque chez elles une mystérieuse communion avec notre terre et avec toute la création malmenée et exploitée, comme si « elles étaient prises aux tripes ». Cela n’est pas sans rappeler les nombreuses fois où nous voyons Jésus, dans les Évangiles, ému aux entrailles.
Nous entendons aussi qu’à partir de leur vie, elles appellent de toutes leurs forces à vivre des relations, à rejoindre la grande famille humaine par des liens de parole, d’amitié, de tendresse, de compassion et de préoccupation des autres. Dieu nous ayant tout donné par amour, la vie, la terre, la création tout entière, elles en appellent à vivre l’amour entre frères et soeurs, entre humains et avec la création, c’est-à-dire à apprendre à « ressembler à Dieu ». Il faut « créer une chaine de gens, tenir la chaine des liens depuis les plus puissants jusqu’aux plus petits ».
Nous avons aussi commencé à travailler plus spécifiquement sur l’espérance. Ce fut un travail riche et fort, tant par le temps de travail sur ce sujet, « riches et pauvres » ensemble, que par la traversée éprouvante de la mémoire de la vie de misère pour les personnes du Quart-Monde participantes. « La détresse, la persévérance et la résistance retracent toutes nos vies, comme la vie du Christ. Ce qui nous conduit jusqu’à l’espérance, c’est de regarder toute notre vie à la lumière de la mort et de la résurrection de Jésus ».
Nous avons décidé de continuer ce travail pour les trois prochaines années : « Ensemble, à l'écoute de la clameur des pauvres et de la terre, faire retentir l'espérance ». Nous pourrons ainsi contribuer à notre fa on à l'année jubilaire sur l'espérance en 2025, annoncée par notre pape François.
Philippe Brès
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