S’il y a un pauvre chez toi, l’un de tes frères, dans l’une de tes villes, dans le pays que yhwh ton Dieu te donnes, tu n’endurciras pas ton coeur et tu ne fermeras pas ta main, mais tu lui ouvriras ta main toute grande.

Deut 15,4 — Parole de Dieu

Le sappel

actualités

No 82
journal du sappel / Novembre 2011 Journal Télécharger le journal au format PDF

Éditorial

Maryse....

Maryse vient de faire son passage ! Quelle femme !

Elle habitait « Allée de l’amour maternel »

Est-ce possible avais-je dis en l’apprenant, dans la petite maisonnée que je conduisais l’an passé en retraite, cela existe-t-il, une « Allée de l’amour maternel »? Eh oui avait-elle répondu ! « A Reims où j’habite, il y a tout un quartier ainsi baptisé, dans les années 30 … rue de la Confiance, allée des Bons Enfants... »

Ce jour-là, dans la maisonnée, le projet était de vivre la « Parole incarnée » de la veuve d’Elysée, pas celle connue habituellement... Cette veuve-là était menacée de voir ses enfants devenir esclaves de son débiteur. Elysée lui demande alors d’aller chez tous ses voisins leur demander des vases, autant qu’elle pourra, pour les remplir ensuite d’huile à partir de la petite réserve dont elle dispose encore. En jouant la scène, Maryse se précipite vers moi -qui joue le rôle d’une voisine- et me prend presque d’autorité les quelques vases posés sur l’étagère proche.

A la relecture, quand je lui dirai queces vases, elle les a pris sans même rien me demander, elle répondra « tu ne sais pas ce qu’on est capable de faire quand on risque d’avoir ses enfants placés! » Non, je ne sais pas...

La veuve, rassurée par le Prophète, quant à cette huile qui va couler lui permettant de payer ses dettes et vivre avec ses deux fils, ne se sent plus de joie ! Maryse s’élance à travers la pièce ! Elle court et étreint longuement contre sa poitrine Robert. Jeanne, qui jouait le rôle du deuxième fils attendait impatiemment d’être elle aussi, serrée avec autant de chaleur ! L’huile ne s’est pas encore mise à couler à ce moment-là, mais Maryse est sûre de ce que vient de lui dire le Prophète !

Alors, quand la scène s’achève, nous relisons cet épisode ensemble. Robert est un fidèle des retraites du Sappel mais il éprouve toujours le besoin de prendre une certaine distance par rapport à ce qui est proposé et de se l’approprier comme cela lui convient... Ce jour-là, il partage ce qu’il vient de vivre intensément : « J’étais le 16° enfant chez moi, le plus jeune. Ma mère est morte quand j’avais 4 ans. Je dormais dans son lit quand elle est morte... Depuis 51ans, j’en ai 55, jamais personne ne m’a embrassé comme ce matin ! Jamais personne ! »

Robert, pourtant si plein de pudeur, répètera cette phrase juste avant que je ne le dépose à la gare et qu’il ne reparte chez lui en Belgique « Personne, non, jamais personne ne m’a embrassé comme ça depuis 51 ans... » Maryse, qui habitait « Allée de l’Amour maternel » lui a donné un dernier gage de cet amour, avant de tomber elle-même dans les bras de l’Amour infini ! … et Didier Didier a suivi Maryse à quelques jours près...

Dans ce même épisode de la Parole incarnée, Didier avait désiré être ….un vase ! Sur son fauteuil d’handicapé, il avait renversé sa tête en arrière et ouvert grand sa bouche. La veuve s’était mise à verser l’huile. Elle versait, versait et versait comme s’il avait fallu combler un puits sans fond. Les fils l’aidaient dans sa tâche, lui apportant l’huile.... Il leur semblait ne pas en voir la fin, jusqu’au moment où Didier a annoncé: « ça bourre !!! » Il voulait, a-t-il dit par la suite, se remplir de l’amour de Dieu ! Il en avait tant besoin, tant besoin, tant besoin !

Lui aussi a plongé maintenant dans cet amour, et, n’en doutons pas, sa coupe déborde, selon qu’il est dit dans le psaume 23(22) : « Tu répands l’huile sur ma tête, ma coupe est débordante »

 

Geneviève Davienne

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