La différence entre les riches et les pauvres, c’est que les riches, ils ne pensent pas aux pauvres, alors que nous, on pense sans arrêt aux riches…

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Formation à l'expression personnelle

"Je découvre ainsi que dans mon travail, reposant lui-même sur le jeu de toutes mes facultés, je ne suis pas seul à composer. Toute démarche créatrice arrache ainsi l’homme à sa solitude et le situe dans un univers de relation. Relation avec la matière, laquelle semble sortir de sa torpeur sitôt qu’elle est mise en œuvre, comme douée alors, elle aussi, de facultés créatrices. Relation à autrui puisque la nature d’une œuvre est d’émettre son message propre."

Cette réflexion de Frère Daniel de Montmollin a été le point de départ de la journée de formation à l'expression personnelle du 15 décembre 2018. Le fil rouge était d'observer les arbres, depuis la promesse de l'arbre contenue dans la graine, jusque dans le dépouillement de l'hiver et d'exprimer ensuite ses sensation, ses impressions avec la terre et  la peinture. Le thème de l'arbre a été choisi pour prendre conscience de l’espace et du temps qui existe entre la graine et l’arbre. Le processus de création, c’est ça, c’est l’espace et le temps entre la petite graine et l’arbre.

 

Arbre

 

Une vingtaine de participants (animateurs et communautaires) assidus et concentrés ont participé à cette journée qui sera suivie d'une autre journée le 9 février. Voici quelques uns de leurs retours :

  • "J'ai ressenti une certaine gravité à l'atelier terre. On était tous en silence, cela m'a aidé à ne pas être scolaire."
  • "C'est bon d'avoir un thème. Jouer avec le relief de la peinture. Je n'étais pas contente et j'ai pu revenir dessus."
  • "Être ami avec la terre, ça m'a amusé. Ce que j'ai fait au début ne ressemblait pas à ce que j'ai fait à la fin."
  • "Soutenue par le regard de Bigna quand on modelait , les yeux bandés."
  • "Retourner à la terre, accepter de faire une expérience et non de faire une production."
  • "On ne se prend pas au sérieux, mais on joue sérieusement !"

 

Atelier terre

 

"Tout homme crée sans le savoir comme il respire, mais l'artiste se sent créer, son acte engage tout son être, sa peine bien-aimée le fortifie."

Paul Valéry (écrit au ponton du Trocadéro juste à côté du parvis des droits de l’homme)

 

C’est à dire que tout homme a en lui cet esprit créateur. La différence avec l’artiste c’est que lui en a conscience et crée une œuvre à partir de cette conscience. Mais le fait d’être créateur appartient à tout homme. L’artiste est plus en avant de nous pour nous dire quelque chose de nous-même. Le premier trait qu’il va faire sur une page blanche c’est le germe de l’œuvre. Mais il ne sait pas encore ce qu’il va faire.

 

De la graine à l’arbre, il y a confiance en cette graine mais un saut dans l’inconnu. C’est ce processus-là dans lequel on va entrer et prendre conscience que ça existe comme quand on se marie ou quand on a un enfant : c’est une audace et un saut dans l’inconnu. C’est pareil dans l’art, on expérimente sur un temps court avec une matière.

 

Regardons le psaume 8 et le geste de l’homme qui va dominer la création. C’est un geste d’alliance. C’est la même chose avec la matière. On n’arrive pas pour dominer en se disant : elle va faire ce que je veux ; si elle ne me rend pas ça, je ne suis pas content. La matière est douée d’une puissance créatrice. La terre donne son inertie, son poids, le fait que c’est à 3 dimensions. La peinture, donne sa légèreté, des choses de couleur, un espace à 2 dimensions. Il y a un processus de création dans la matière avec laquelle il faut faire alliance. On ne peut pas être comme des dictateurs sur la matière. Il faut accepter de laisser ce désir de puissance et ce besoin de voir quelque chose comme on aimerait. Si on laisse tomber, elle nous révèle quelque chose de plus profond de nous-même et d’elle-même. On doit accepter de se laisser bousculer par ce qui va se passer entre la matière et nous.

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